Le 2 décembre, les syndicats de l’AFP, ainsi que le PDG Pierre Louette, ont été auditionnés par la Commission des Affaires Culturelles de l’Assemblée nationale sous la présidence de Mme Michèle Tabarot
Le compte-rendu intégral de ces discussions est disponible sur le site de l’Assemblée : version web, à lire sur l’écran - version PDF, à télécharger et à imprimer (408 Ko)
Autres lien utile : le texte intégral du projet Louette sur ce site.
Nouvelles prises de position politiques
Lors de son congrès à Arras les 5 et 6 décembre, le Mouvement Démocrate (MoDem) a inscrit la défense du statut de l’AFP dans son programme, le projet humaniste
Extrait du chapitre 5.3 "Garantir une information libre et humaniste" :
"La séparation des pouvoirs et le pluralisme concernent enfin tout particulièrement le monde médiatique.
"Ni la démocratie ni la République ne peuvent s’accommoder de ce que les médias soient sous le contrôle d’un réseau de proximité avec le Président de la République, quels que soient les moyens financiers dont ce réseau dispose.../...
"L’indépendance de l’Agence France Presse, dont le rôle notamment pour la Presse quotidienne régionale est essentiel, et qui participe au rayonnement national, doit être assurée alors que se profile à nouveau la tentation d’en réduire l’influence voire de la soumettre à des intérêts privés. Il n’y a pas lieu de la transformer en société anonyme, même à capitaux majoritairement publics"
Marie-George Buffet écrit au Ministre de la Culture
Le 20 novembre, suite à une rencontre avec une délégation de l’intersyndicale AFP, la secrétaire nationale du Parti Communiste, qui est également députée de Seine-Saint-Denis, à écrit à Frédéric Mitterrand pour s’inquiéter du sort de l’Agence France-Presse
Sa lettre :
Monsieur le Ministre,
Je souhaiterais attirer votre attention sur la réforme du statut de l’Agence France-Presse (AFP) actuellement en cours. Les pistes de réflexion évoquées par le rapport de M. Louette en vue de la préparation d’un projet de loi prochainement présenté à l’Assemblée nationale me semblent particulièrement dangereuses.
L’actuel statut de l’Agence lui a permis de devenir l’une des trois grandes agences mondiales dans son domaine et la première agence francophone. Il n’est donc manifestement pas un frein à son développement. Au contraire, la transformation en société anonyme pourrait fragiliser son financement, ainsi que cela a pu être le cas pour l’agence anglophone United Press International (UPI).
La transformation en société anonyme de droit commun fait en outre courir le risque de l’ouverture de son capital au privé, comme cela a été le cas à chaque fois qu’un établissement public a été transformé en société anonyme à capitaux publics, malgré les garanties constitutionnelles apportées par l’Etat. La responsabilité du PDG de l’Agence devant des actionnaires remettrait en cause son indépendance.
Or l’AFP doit rester libre. Elle ne peut donc devenir une société anonyme de droit commun comme cela a pu être envisagé. Vous avez souligné le mois dernier « qu’il n’y a pas de réforme réussie s’il n’y a pas de consensus. » Il est vrai qu’un changement de statut aurait des conséquences profondes pour ses agents, dont beaucoup sont en situation de grande précarité, comme pour son rayonnement international. Les salariés doivent donc impérativement être consultés.
La question de fond à se poser consiste à déterminer ce que l’on veut pour la presse dans notre pays. Veut-on une presse indépendante et de qualité, source d’enrichissement intellectuel et capable de développer l’esprit critique de nos concitoyens, ou une presse soumise aux actionnaires pressée par des impératifs de rentabilité incompatibles avec l’exercice de ses missions ? Pour moi, Monsieur le Ministre, la réponse est claire.
Je voudrais donc vous demander de ne pas modifier le statut de l’AFP. Le service public de l’information a besoin de plus de moyens pour que les journalistes puissent travailler dans de meilleures conditions. C’est en ce sens, et avec les salariés, qu’il faut prendre des dispositions. C’est un enjeu majeur pour notre République.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes respectueuses salutations.
Marie-George Buffet,
Ancienne Ministre,
Députée de la Seine-Saint-Denis