Février 2010 : démission du PDG Pierre Louette

, par Admin

Pierre Louette lance un projet très contesté d’alliance avec l’entreprise Relaxnews - puis subitement annonce sa démission en tant que PDG de l’AFP. Textes, réactions, revue de presse

[dernière mise à jour de cette page : le lundi 8 mars 2010]

Démission de Pierre Louette

Le projet de filiale "AFP Services"


CFDT : Départ de Pierre Louette : lettre aux candidat(e)s à la présidence de l’AFP

PARIS, 25/02/2010 - 1329 -

Madame, Monsieur,

Vous êtes candidat(e) à la présidence de l’AFP après le départ de Pierre Louette.
Nous voulons attirer votre attention sur nos attentes et nos craintes.

La réforme du statut

Le projet de réforme du statut de votre prédécesseur a été largement repoussé. Au Parlement, lors d’auditions, même la majorité ne l’a jamais soutenu formellement. Comme en 1957, elle préfére le consensus au passage en force.
La CFDT ne veut pas que l’AFP devienne une société anonyme à capitaux publics.
Pour autant, nous savons que l’AFP doit évoluer et que sa gouverance est archaïque.
Plaidez auprès du ministère de la Culture pour l’abandon de l’actuel projet de réforme de l’AFP, préparé sans nous. Organisez une vraie concertation avec les représentants des salariés sur le changement de la gouvernance de l’AFP. Commençons par modifier la composition du Conseil d’administration, par l’élargir à des clients étrangers, puis continuons à réfléchir ensemble sur les moyens d’assurer le financement du fonctionnement et du développement de l’AFP.

Le déménagement

Le bail de la rue Vivienne est signé. Pour le reste, la direction entretient le flou total, autour d’un dogme : il faut déménager des services rédactionnels pour permettre le déploiement de l’AFP multimédia et rapprocher les métiers. Certes, mais après ? Du multimédia à quel niveau ? De la production ou des desks ? Pour qui ? En anticipant quelle demande ?...
Une discussion s’impose. Elle permettra de clarifier les projets d’aménagement de la rue Vivienne. L’actuel projet, tout ficelé, n’a jamais été négocié avec les représentants des salariés. Or, toute implantation rue Vivienne doit aller de pair avec des garanties sur le maintien de l’activité place de la Bourse. Là aussi, Madame, Monsieur, reprenons un dialogue social franc et sincère. Définissons sérieusement ce que pourrait être l’AFP-multimédia. Commençons par tester de nouvelles organisations du travail rue Vivienne, avec la possibilité de faire marche arrière. Nous avons le temps : la console 4XML, clé de voûte de l’AFP-multimedia, ne sera pas mise en place avant 2012.

Le dialogue social, CDD, Seniors

Vous l’avez compris, le dialogue social est en panne. Déménagement, plan de départ volontaire... : l’absence de dialogue, mis en pratique par le nouveau DRH recruté par votre prédecesseur, affaibilit dramatiquement l’AFP. La relance de ce dialogue passe par une véritable remise à plat des dossiers ouverts. Nous voulons aussi une véritable politique de ressources humaines, qui ne comptabilise pas les salariés en terme de coût mais les considère comme des apports indispensables a l’Agence.
Il va de soi que nous voulons aussi des interlocuteurs de meilleure foi.
Le dialogue social doit porter en priorité sur la fin de la précarité à l’AFP. Un nombre trop grand de nos jeunes collègues vont de CDD en CDD, ou sont envoyés à l’étranger avec des statuts locaux, sans solution d’avenir. Nous voulons un vrai comité de suivi sur la politique d’embauche de l’AFP, avec une embauche pour un départ à la retraite. Nous voulons également une gestion intelligente des fins de carrière et du parcours des seniors à l’AFP.

La filiale AFP-Services

L’exemple même de ce que nous ne saurions accepter. L’AFP veut loger dans cette filiale, créée avec RelaxNews, une activité de publi-reportage et une activité rédactionnelle (gestion rédactionnelle de sites, services sur mesure lors de grands événements...).
Nous ne nous opposons pas à ce que l’AFP cherche de nouvelles ressources. Du publi-reportage, pourquoi pas. Mais pas sous le nom AFP. Pas avec des journalistes de l’AFP. Nous refusons que la marque AFP, garante dans le monde entier d’informations exactes, servent aussi à vendre du publi-reportage. AFP : cette marque de confiance est notre bien le plus précieux.
Nous nous interrogeons par ailleurs sur la nécessité "d’externaliser" une activité rédactionnelle multimédia, qui pourrait très bien être développé à l’intérieur de l’agence, par des journalistes de l’agence.

Veuillez croire, Madame, Monsieur, en notre totale disponibilité pour de très sérieuses discussions, sur ces sujets et bien d’autres, au nom des intérêts supérieurs de l’AFP et ses salariés

Paris, 25 février 2010, CFDT-AFP

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PARIS, 25/02/2010 - 1607 - Voici un communiqué du SGJ et du SNPEP FO :

Le départ de Pierre Louette : la mort dans l’oeuf d’un projet meurtrier

Le départ annoncé de Pierre Louette, ouvre une certaine période d’incertitude. Mais, par bien des aspects, il ne peut que réjouir le personnel de l’AFP.

  • Il signifie d’abord la mort dans l’oeuf d’un projet de réforme radicale du statut de l’AFP qui avait pour mots-clés étatisation, privatisation et démantèlement.
  • Il signifie que l’AFP peut désormais s’atteler sereinement à la tâche de sa modernisation sans jeter aux orties un atout fondamental dans un paysage médiatique en plein bouleversement : sa fonction de certification de l’information.
  • Il signifie qu’il va falloir remettre à plat et relancer le projet technique 4XML, plombé jusqu’à présent par une arrière-pensée politique : celle de justifier de manière artificielle la destruction d’un statut accusé sans aucun fondement de bloquer les possibilités de développement.
  • Il signifie qu’il faudra annuler le projet de partenariat avec l’OCDE, contraire à tous nos principes rédactionnels.
  • Il signifie que l’AFP peut retrouver sa dignité sans être soumis quotidiennement à une vaste entreprise de démoralisation par le mépris, dont la dernière manifestation en date a été le rapport du pseudo-expert Frédéric Filloux.
  • Il signifie que l’AFP va pouvoir enfin mettre un terme à des accords contre-nature comme celui que l’AFP veut passer avec Relaxnews dans le projet AFP services.
  • Il signifie que la Direction ne pourra plus tenter de cacher sous le tapis l’échec prévisible de l’opération NewzWag (perte sèche : deux millions de dollars).

Monsieur le futur président de l’AFP : l’Agence connaît certes des difficultés, comme tous les organes de presse dans le monde. Mais bien moins que certains le prétendent pour lui nuire. C’est un organisme profondément sain, disposant de personnels hautement qualifiés, motivés et dynamiques. C’est pour cela qu’il faudra bien engager rapidement une négociation sérieuse, trop longtemps retardée, sur les CDD, sur un plan de départ et sur les salaires.

L’ensemble de la direction devra rompre définitivement avec ses méthodes autoritaires et de rejet total de dialogue social.

Le personnel de l’AFP est conscient des enjeux, il est disposé à beaucoup d’efforts pour peu qu’on le respecte.

Bienvenue, pour que l’Agence vive et se développe.

Paris, le 25 février 2010

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MESSAGE DE PIERRE LOUETTE AU PERSONNEL de l’AGENCE FRANCE-PRESSE

Appelé à rejoindre la nouvelle équipe dirigeante du groupe France Télécom, j’ai décidé d’accepter cette proposition passionnante, à un moment crucial de l’évolution de l’industrie des télécommunications et des contenus. C’est pourquoi je vais quitter mes fonctions de Président-Directeur général de l’Agence France-Presse.

Après plus de 6 ans à la direction de l’Agence, dont plus de quatre comme Président-Directeur général, les comptes sont aujourd’hui bien assainis, la trésorerie reconstituée, de nombreux nouveaux produits ont été lancés, pour la plupart avec succès.

Les récents effets d’une très grave crise macro-économique ont été à l’heure qu’il est globalement maîtrisés, les brusques demandes de réductions tarifaires gérées, en bon ordre et dans le respect des parties impliquées dans les négociations. A la différence de l’immense majorité de ses collègues et de ses clients des médias, l’Agence a pu jusqu’alors traverser cette crise sans qu’il faille recourir à des mesures d’économie draconiennes ou à des plans sociaux : je m’en félicite et en suis heureux pour notre Maison, qui a accompli, déjà, bien des efforts d’adaptation.

Mais il n’en reste pas moins nécessaire, comme je l’ai indiqué dans un rapport remis voici bientôt un an au Gouvernement, face aux enjeux de la révolution numérique en cours, de trouver une solution au sous-financement chronique de l’AFP, dépourvue d’un actionnariat stable - et, pour cette raison, de faire évoluer le Statut de 1957.

Nommée par le Ministre de la Culture et de la communication, une Commission présidée par un de mes prédécesseurs, Monsieur Henri Pigeat, doit formuler à son tour des propositions pour l’avenir. Au même moment, nous travaillons à un nouveau plan de développement et de diversification.

Il me semble qu’il devrait appartenir à un nouveau Président de se saisir de ces enjeux, d’achever d’élaborer des plans de réforme et de développement, de les porter devant le Parlement et de s’investir pour les mettre en œuvre dans les années à venir.

L’évolution prévisible du Statut est attendue, et sera atteinte, en tant que modalité juridique substantielle, parce qu’elle permettra à la rédaction, comme aux autres catégories de personnel, employés de presse, cadres administratifs, commerciaux et techniques, ouvriers, de se projeter dans l’avenir, de s’inventer un futur.

Refuser toute évolution - qui serait respectueuse des principes posés par l’article 2 de l’actuel Statut - ce serait se condamner à vivoter, voire à sombrer. Si au contraire l’Agence ne s’enferme pas dans l’immobilisme, si elle ne voit pas des complots là où il n’y en a pas et va de l’avant, elle a un bel avenir.

Je suis à la disposition du vice-président du Conseil d’administration de l’Agence pour lui apporter toute l’assistance possible dans la période qui s’ouvre et lui ai indiqué qu’il me paraissait très souhaitable, dans l’intérêt de notre Maison, qu’un nouveau Président prenne ses fonctions au moment où, début avril, la commission Pigeat devrait rendre son rapport.

Je garderai de l’AFP le souvenir d’une maison d’excellence et de passion, à laquelle l’immense majorité de ses membres apporte son énergie et son talent, au service d’une mission : la recherche et la production d’une information de qualité, indépendante et la plus complète possible.

C’est cette mission que j’ai moi-même essayé de servir, à ma place, par une gestion rigoureuse, par la conquête de nouveaux marchés ou, quand cela a été nécessaire, par la défense du travail de la rédaction, depuis plus de 6 années.

Il appartiendra à un nouveau Président de porter une nouvelle ambition pour l’AFP et d’obtenir, pour elle, les moyens financiers supplémentaires nécessaires à sa transformation en " agence multimédia ", pour longtemps encore indispensable à des clients tous devenus " multimédia ".

Quel qu’il soit, il peut compter sur mon soutien pour une période de transition et, de façon plus durable, sur celui d’une équipe de direction remarquable, autour de Jean-Pierre Vignolle et de Philippe Massonnet.

Je salue tous les personnels de l’Agence, tous les amis que le temps m’a permis d’y trouver, je sais qu’ils vont continuer à remplir avec fierté cette belle mission qui est la leur, cette mission de raconter le monde, de l’expliquer, bref d’informer.

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