Avril 2010 : publication du Rapport Pigeat sur l’avenir de l’AFP

, par Admin

Le ministère de la Culture publie le rapport du Comité de réflexion sur l’avenir de l’AFP. Infos, réactions

Dernière mise à jour de cette page : le lundi 3 mai à 22h35, heure de Paris

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Communiqué des syndicats FO (SGJ-FO, SNPEP-FO)

Comité Pigeat :

  • Un rapport qui va dans le bon sens
  • Non à une Société Editrice.

Le rapport du "Comité de réflexion sur l’avenir de l’AFP" présidé par l’ancien Président Henri Pigeat, constitue une base sérieuse de travail sur les voies et les moyens d’assurer la pérennité de l’AFP dans les années à venir. Mais Force Ouvrière estime que la proposition de créer une société éditrice "AFP-SE" est à la fois inutile et dangereuse.

Le maintien du statut de 1957 : une victoire du personnel

Le rapport du Comité Pigeat confirme que les difficultés actuelles de l’AFP ne doivent pas conduire à une remise en cause de la loi de 1957 portant statut de l’Agence, ni mener à une étatisation ou à une privatisation. Que ces affirmations émanent d’un Comité nommé par le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand représente en soi une victoire pour le personnel de l’AFP.

Le plan Louette, rejeté massivement dans l’Agence et plus largement dans l’opinion publique, y compris parlementaire, partait du postulat que l’Etat n’était plus disposé à accepter de financer l’AFP "sans contrepartie", c’est-à-dire sans une étatisation ouvrant la voie à une éventuelle privatisation. Derrière tout cela, il y avait tout simplement un boulevard pour une opération de démantèlement.

Oui à un nouveau projet de développement de l’AFP

Cruel pour la Direction précédente, le Comité Pigeat recommande la rédaction d’un véritable projet de développement, comportant des "objectifs chiffrés, des échéances temporelles et des plans d’affaires précis". Les priorités en seraient la vidéo et l’intégration de toutes les productions de l’agence sur une plate-forme unique.

Force Ouvrière souscrit à ces objectifs. Ces deux axes sont déjà présents dans le développement de l’AFP, mais ils méritent plus de moyens.

  • Une agence mondiale ne peut exister sans être une agence mondiale de télévision et il est plus que temps que ce service dispose enfin d’un réseau suffisamment implanté internationalement et de moyens humains et techniques à la hauteur de cette ambition.
  • La mise en place d’une plate-forme unique est certes sur les rails - projet "média forum"-, mais elle a pris trop de retard alors que la demande est pressante et ne peut pas être satisfaite comme elle le devrait à l’ère de l’internet.

L’un des intérêts majeurs du rapport est qu’il juge que les objectifs actuels inscrits dans le COM (95 millions d’euros sur cinq ans en fonds propres, en emprunts et en autofinancement) sont insuffisants. Il fixe pour sa part "une fourchette de 130 à 150 millions d’euros".

Préserver l’identité de l’AFP

Tout cela est fort bon à condition que les affirmations suivantes du Comité ne restent pas lettre morte :

  • Oui, "la marque AFP est le premier actif de l’agence". FO le dit avec force : l’AFP ne doit pas devenir une simple "agence multimédia" parmi des milliers d’autres.
  • Oui, "la position mondiale de l’AFP est une force" éditoriale et commerciale.
  • Oui, "la spécificité de la ’Francité’ a sa valeur propre".

Mais attention, la future direction de l’agence doit mettre un point final à la dévalorisation du texte et aux annonces irresponsables de la précédent équipe sur la future "disparition du fil".

Le fil AFP reste la colonne vertébrale de l’agence, sans lequel aucun autre produit, que ce soit la photo, la vidéo, l’infographie ou le Journal Internet ne peuvent vivre et se développer.

Sauter comme un cabri sur une chaise en criant "multimédia ! multimédia !" ne tiendra jamais lieu de stratégie.

"Blocage de fonctionnement" : d’abord un problème de Direction

Le rapport Pigeat accorde une grande importance à ce qui est nommé "le blocage de fonctionnement de l’AFP" en matière de gouvernance. Nous redisons à l’attention du Comité de réflexion que l’agence connaît certes des difficultés, comme tous les organes de presse dans le monde. Mais bien moins que certains le prétendent pour lui nuire. L’AFP est un organisme profondément sain, disposant de personnels hautement qualifiés, motivés et dynamiques. C’est une maison qui tourne et qui a des résultats.

La gouvernance, c’est d’abord la conception qu’en a le PDG de l’AFP.

Soit, comme Pierre Louette, il se considère comme un simple commis de l’Etat. Et il en vient à violer par là-même le rôle que lui confie le statut.

Soit il se place du point de vue du statut qui en fait le premier défenseur de l’indépendance et de la pérennité de l’AFP, notamment dans les discussions avec les pouvoirs publics.

Des propositions d’actualisation du statut qui peuvent faire l’objet d’une concertation.

Le Comité estime, et nous nous en félicitons, que la formule juridique actuelle de l’AFP, un organisme autonome doté de la personnalité civile et dont le fonctionnement est assuré suivant les règles commerciales, inscrite dans la loi de 1957 "constitue une bonne garantie pour la préservation des missions et valeurs de l’AFP".

Il souligne cependant que "quelques articles seulement de la loi de 1957 nécessitent une actualisation" : modification de la durée du mandat des administrateurs et du PDG, modification de la composition du conseil d’administration, vice-président / Directeur de l’Information, nomination d’administrateurs indépendants, transformation du Conseil supérieur en "Comité des garanties".

Force Ouvrière considère que ces éventuelles modifications doivent faire l’objet d’une concertation préalable avec le personnel de l’AFP.

Non à une "Société Editrice".

Par contre, notre syndicat rejette formellement la proposition de Société Editrice. C’est une proposition inutile et dangereuse.

  • Une proposition inutile :

Selon le Comité, cette "SE" assurerait "par délégation, les activités de l’Agence dans le secteur concurrentiel et les contrats de prestation de service qu’elle a conclus avec les pouvoir publics pour des missions d’intérêt général". C’est-à-dire qu’elle aurait la responsabilité de la totalité des recettes.

Elle fonctionnerait avec les moyens que l’AFP "met à sa disposition". C’est-à-dire qu’elle gérerait l’essentiel des charges.

Elle serait dirigée par le même président et le même vice-président que la maison mère.

Qui peut penser sérieusement, un seul instant, que cet artifice nous protégerait d’éventuelles difficultés avec les règles de concurrence en vigueur dans l’Union européenne, premier argument avancé par le Comité pour justifier la mise en place de cette Société Editrice ?

  • Une proposition dangereuse :

Deuxième argument avancé : l’aide de l’Etat ne peut transiter que par un "partenaire minoritaire à capitaux publics", la Caisse des Dépôts. Nous contestons cette affirmation.

Si le but de l’Etat est d’aider aujourd’hui l’AFP pour lui permettre de devenir, à terme, de moins en moins dépendante de cette aide, alors ce serait une profonde erreur de créer un organisme qui pérennise structurellement l’aide de l’Etat à l’AFP.

Plus grave encore, la création d’une Société Editrice remettrait à l’ordre du jour une réforme complète du statut de l’AFP, mettant en cause une règle sacrée : l’AFP ne peut fonctionner comme agence mondiale indépendante que si celui qui paie ne commande pas.

Or le rapport du Comité fait le silence sur un point décisif : la composition du Conseil d’Administration de cette "SE", dépositaire des moyens exécutifs d’une AFP devenue une coquille vide. On peut facilement imaginer que, dans une structure 51% AFP et 49% Caisse des Dépôts, l’Etat y ferait totalement la loi par l’intermédiaire des "hommes en gris".

Le personnel est disposé à s’adapter aux évolutions qu’appelle le développement de notre métier.

Il ne laissera pas toucher aux fondements de l’indépendance de l’AFP.

Le 3 mai 2010

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