2007-2008 : nouvelles menaces contre le statut

, par Admin

A partir de fin 2007, de nouvelles menaces se font jour contre le statut de l’AFP. Des appels ouverts à sa privatisation provoquent une mobilisation des syndicats, et le lancement de la pétition "SOS-AFP".

Au fil des ans, plusieurs gouvernements ont été tentés de modifier le statut de l’Agence France-Presse. En 2000, un projet visant à adosser l’Agence à Vivendi, alors au sommet de sa notoriété et à la veille de l’éclatement de la "bulle Internet", a échoué en grande partie grâce à l’opposition du personnel.

Une nouvelle offensive a été lancée pendant le mandat du Président Nicolas Sarkozy (2007-12).

Dès décembre 2007 le PDG Pierre Louette prend les devants en annonçant sur BFM Radio qu’il souhaite "préparer une évolution du statut" de l’AFP, ce qui provoque une vive réaction des syndicats.

En 2008, l’AFP a subi des attaques particulièrement vives de plusieurs membres de la majorité. En mai le porte-parole de l’Union pour une majorité populaire, Frédéric Lefebvre, accuse notre agence de ne pas avoir suffisamment repris ses communiqués concernant une plainte judiciaire visant Ségolène Royal. M. Lefebvre saisit le Conseil supérieur de l’AFP sur cette question.

Répondant au porte-parole de l’UMP, le PDG Pierre Louette note que l’entreprise n’a pas vocation à "devenir une machine à diffuser des communiqués", et le président de la Société des journalistes de l’AFP, Christophe Beaudufe explique que l’agence "n’est pas un blog sur lequel les acteurs politiques ou économiques viendraient poster des communiqués à leur guise". La plainte déposée par le parti au pouvoir devant le Conseil supérieur sera rejetée.

Egalement en mai 2008 un autre député UMP, Claude Goasguen, dit qu’il "souhaite ardemment une privatisation" de l’AFP, qu’il qualifie d’"agence d’Etat".

En juillet le PDG Pierre Louette, qui deux ans plus tôt avait annoncé qu’il n’avait "pas vocation à réformer les statuts de l’agence" et que ces derniers "n’ont pas empêché l’agence de vendre ses produits à l’international et à être probablement la première agence généraliste en Asie et au Moyen-Orient", a subitement affirmé son désir de "toiletter" le statut. Il évoque, entre autres mesures, un allongement du mandat du PDG de trois à cinq ans, et la fin de la règle qui oblige l’agence à présenter un budget en équilibre. L’intersyndicale note que "dans le contexte politique et économique actuel, ces propositions de toilettage représentent un risque réel et grave d’une remise en cause globale du statut."

En septembre 2008 le gouvernement publie le rapport Giazzi commandé à l’occasion des Etats-généraux de la presse voulus par le Président Nicolas Sarkozy. Parmi les propositions, "la transformation de l’AFP en société anonyme, lui permettant de se doter d’un capital et de fonds propres." (En fait, les Etats-généraux de la presse n’aborderont pas la question de l’AFP).

Le mois suivant, le gouvernment annonce officiellement que M. Louette est "mandaté" pour proposer un changement de statut qui doit notamment "doter l’Agence d’un actionnariat stable" et "conforter son rayonnement international et européen".


Le 4 décembre 2007 : l’intersyndicale se mobilise face à la menace d’une privatisation de l’agence

Les syndicats toutes catégories de l’AFP (CGT, SNJ, CFDT, FO, Sud) viennent de prendre connaissance avec stupéfaction d’une déclaration du PDG Pierre Louette à BFM ce mardi souhaitant "préparer une évolution du statut" de l’agence d’ici à cinq ans. Cette déclaration survient en pleine négociation du Contrat d’objectifs et de moyens (COM) pour la période 2008-2012.

Le PDG a toujours affirmé qu’il ne voulait pas changer le statut.

Ce changement d’attitude fait craindre que le PDG ne soit contraint d’accepter une révision du statut en échange d’engagements financiers de l’Etat dans le cadre du COM. Nous ne voulons pas que le statut soit pris en otage par le COM.

Les organisations syndicales ont interrogé à plusieurs reprises la Direction pour connaître le contenu des négociations du prochain COM sans jamais obtenir de réelles informations.

Aujourd’hui, le PDG Pierre Louette annonce clairement la couleur en affichant la perspective d’une "évolution pour permettre à l’agence d’asseoir complètement son développement, peut-être avec un actionnaire très solide à déterminer, peut-être dans un contexte européen".

En clair, une possible privatisation de l’agence.

Qu’on se rappelle les tentatives de l’ex-PDG Eric Giuily de céder l’AFP à Vivendi-Universal de Messier. Où en serait-on aujourd’hui ?

Une fois encore le personnel, les organisations syndicales et le Comité d’Entreprise ont été tenus pour quantité négligeable, puisque le PDG a préféré donner la primeur de ses déclarations à d’autres médias.

Devant cette menace contre le statut de 1957 qui stipule l’indépendance rédactionnelle de l’agence, l’intersyndicale a décidé de se réunir.

Les syndicats toutes catégories appellent les personnels à être prêts à toute action face à des menaces de privatisation de l’AFP.

Intersyndicale toutes catégories - Paris, le 4 décembre 2007


Intersyndicale : "Remodelage" ou "toilettage" - l’Agence en danger

Le PDG propose un "toilettage" du statut de 1957 : un projet inacceptable

Le PDG de l’AFP Pierre Louette a affiché sa volonté de "toiletter" le statut de 1957 en affirmant que "cela devait se faire" sans justifier sur le fond sa décision.

Parmi les propositions faites par le PDG figure la création d’un seul collège (au lieu de deux) pour l’élection des représentants du personnel journaliste et non journaliste au CA. Pour l’intersyndicale (toutes catégories) ce projet est totalement inacceptable, car il vise ni plus ni moins à supprimer la représentation d’une ou plusieurs catégories (ouvriers, employés, cadres) au sein du CA, au moment où certains en haut lieu rêvent de transformer l’agence sur le fond (ouverture au capital, voire privatisation selon le député UMP Claude Goasguen, etc).

Les autres propositions de remodelage du statut sont elles justifiées ?

Elles vont de l’allongement du mandat du PDG de 3 à 5 ans, en passant par la remise en question de la règle de l’équilibre budgétaire, etc.

Les élus du CE ont mis en garde le PDG contre un risque grave de voir la majorité parlementaire actuelle s’emparer de la loi de 57 nuitamment, notamment pour remettre en cause le statut et l’ouvrir aux groupes économiques ou idéologiques proches du pouvoir. La proposition d’utiliser le déclassement de la loi de 57 et de transmettre ces propositions à la DDM, pour résoudre la question par voie réglementaire est loin d’être une garantie. Dans le contexte politique et économique actuel, ces propositions de toilettage représentent un risque réel et grave d’une remise en cause globale du statut.

La saga de France-Télévision où tout a été décidé d’en haut est là pour nous en convaincre : il y a danger à toucher à l’équilibre fragile de notre statut qui a préservé depuis plus de 50 ans notre indépendance rédactionnelle grâce à son fameux article 2.

Ce statut, n’en déplaise à ses détracteurs n’a rien empêché : ni la création des filiales, ni les transformations technologiques, ni les développements à l’international, ni la création du multimédia, de la vidéo etc. Ce sont plutôt l’absence de projets, la pusillanimité des administrateurs de l’agence, qui ont freiné sinon retardé le développement de l’agence en exigeant avant tout une politique de réduction des effectifs, ainsi que les erreurs de stratégie des directions passées qui ont conduit à la situation actuelle.

La solution ne peut être qu’une décision politique allant dans le droit fil de l’esprit sinon de la lettre du statut pour assurer le développement de l’AFP, seule agence internationale non anglo-saxonne.

L’indépendance rédactionnelle doit passer par un accompagnement des administrateurs de l’AFP, avec des dotations pour les projets d’investissement, un abandon des créances, des préconisations pour une vision pérenne assurant un plan de développement à long terme (prêt à taux zéro sur le CDC etc).

L’intersyndicale demande en conséquence à être reçue par le PDG dans les meilleurs délais afin d’obtenir la levée de toutes les menaces pesant sur le statut de l’AFP.

Paris, le 10 juillet 2008 - CGT,SNJ,FO,SUD,CFTC,CGC-CFE toutes catégories